Après avoir pris mon courage à deux mains, j'ai tenté une première : faire un saut dans les fonds anciens des Archives départementales de Loire-Atlantique. Pour la contemporainiste que je suis, c'était un baptême du feu. Je n'ai vraiment pas été déçue du voyage. L'objectif était de trouver la trace d'un de mes aïeux receveur des fermes du Roi. Direction donc la Série C - Administrations provinciales. Article 173. Intendance de Bretagne. Subdélégation de Guérande, Fermes du Roi. Sur les 164 pièces, une dizaine de procès-verbaux de François Dominique de LESPINE. A ses risques et périls...  

 

 
L'an 1707 Ce jourd'huy onsiesme feuvrier Nous soussignés François Dominique De L'espine sieur Devilloiseau, Receveur et commis juré et Receü pour la conservation des droits d'Inspecteur aux Boucheries et François Chizeau sieur de la Noe aussy commis juré et receü pour la conservation des dits droits, a la requeste de Maistre Olivier Le Goarder adjudicataire des dits droits, pour suitte et diligence de Noble homme Jacques Héruagault sieur de la Heaulle fermier des dits droits au bailliage et sénéchaussée de Guerrande Certiffions et raportons nous estre transportés environs les trois a quatre heures après midy chés Gilles Quitté boucher demeurant au Goeusny pres le faubourg de Saint Michel pour y faire nôtre visitte ordinaire lequel dit Quitté nous avons sommés de la par du Roy de nous faire ouverture de sa maison, et de ses cofres, ayans étés averty qu'il avoit tué un veau en fraude, qu'il avoit caché dans un des dits cofres il auroit a l'instant ouvert deux petits coffres seullement mais ils nous fit refus d'ouvrire un grand coffre denviront de cinq a six pieds de long et de trois pied de large qui estoit au pres des deux cy dessus et dans lequel on nous avoit donné avis questoit caché le dit veau, et luy ayant dabondant sommé de nous en faire ouverture ilnous a refuzés et sest pris à jurer exécrablement le Saint nom de Dieu, et nous auroit dit que ses bougres de coquins de maltautier me f..... La porte au plustost que je ne leurs casse les bras, et les jambes, et nous a dit que nous estions des fripons et des volleurs, et qu'il ne nous estoit pas permis de voir sy il avoit tué plus de viandes qu'il n'en avoit déclarés, et senportant encore plus qu'auparavant il sest jetté sur un grand couteau qui estoit aupres de luy pour nous en frapper, et auroit dit il faux que je tu ses bougres de f... Maltautier, jarnidié il faut que je nen face aucuns reste, et il auroit prononcé des parolles sy horibles qu'il n'est pas permy de les rapporter par ecrit ce que voians et connoissans le dit quitté homme furieux et viollans, nous avons estés obligés de nous retirer pour eviter a malh'eure et sortans de chés luy il nous auroit poursuivys jusques a la maison de la veuve René Thébaud aussi bouchere, et proche voisine dudit Quitté, chés laquelle nous avonsentrés prontement pour metre nos vies en suretés apréandant que le dit quitté nous ut frapés avec le couteau qu'il tenoit en sa main et auquel dit Quitté nous avons protesté que nous allions raporter le present notre proces verbal de plainte et contravention lequel nous affirmons véritable en tout son contenu pour valoir et servir en justice comme il appartiendraFait au bureau des dits droits à Guerande les dits jours et ans que devant et sous nos seingts.

Devilloiseau de L'Espine ; La Noe Chizeau

Ah si tous les curés écrivaient comme François Dominique de LESPINE, ça simplifierait la lecture de certains registres !

Signature de François de Lespine sieur de Villoiseau
 
 
 
François Dominique de L'ESPINE ou de LESPINE. [Sosa 1184, 11e génération]. Il serait né vers 1656. Où ? mystère... Son acte de décès du 21 janvier 1717 (Guérande) ne mentionne rien, hormis sa qualité de noble homme. Grâce aux différents procès-verbaux, j'ai un nouvel indice : il était sieur de Villoiseau. Mais Google et Geneanet m'expédient du Loiret à la Normandie en passant par l'Anjou... Autre élément qui pourrait être utile : d'après les fiches du fonds Freslon et l'acte de naissance d'un des enfants, il est bourgeois de Paris, ce qui signifie qu'il a du y habiter un an...

Il y a à Guérande vers les années 1680 d'autres de LESPINE : Jan de LESPINE, notaire royal et procureur au siège royal de Guérande, et Guillaume de LESPINE, maître chirurgien. S'il y a sans aucun doute un lien entre ces deux derniers (parrainage des enfants), rien pour le moment ne me permet de leur rattacher mon François Dominique, qui pourrait être un de leurs fils...

Il épouse avant 1700 Marie DESFONTAINES. Le couple a au moins neuf enfants :

  • François Dominique [sosa 592], époux de Jeanne Claudine GORRE ; décédé le 5 février 1748. Sous brigadier employé aux fermes du roi.
  • Pétronille, née vers 1700, qui épouse à Guérande en 1719 Isaac de GOURNAY, docteur en médecine (voir aussi sur Geneanet) ; décédée le 7 décembre 1775 à Guérande
  • Jeanne Adrienne, née vers 1701, qui épouse au Croisic en 1723 Pierre BOCANDÉ, interprète de langues étrangères ; décédée le 4 mai 1768 au Croisic
  • Dominique, François, né le 29 janvier 1703 à Guérande (peut-être le même que François Dominique)
  • Joseph, né le 19 mars 1706 à Guérande ; décédé le 18 novembre 1769. Prêtre de choeur et sacriste de l'église du Croisic
  • Charles, né le 16 mai 1710 et décédé le 17 mai 1714 (Guérande)
  • Antoine, né le 11 novembre 1711 et décédé un mois plus tard
  • Charles Félix
  • Marie Anne, qui épouse à Guérande le 16 avril 1714 Antoine de Marsac (originaire de Dunkerque)

François Dominique de LESPINE occupe différents postes dans les fermes du roi à Guérande au début du XVIIIe siècle. En février 1707 (voir le procès-verbal ci-dessus), il est "receveur et commis juré et receü pour la conservation des droits d'Inspecteur aux Boucheries", puis en août "commis à la réception et conservation des droits d'inspecteur visiteur et controleur aux entréss des eaux de vie, vins et autres boissons". En 1713 on le retrouve receveur des droits sur le tabac au bureau de Guérande pour le fermier général Charles Michau. L'année suivante, il est qualifié de directeur et receveur des droits sur le tabac.
Cette tradition de charges d'inspection dans les fermes royales puis dans les douanes se perpétue sur trois générations :

  • son fils François Dominique de LESPINE est sous brigadier des fermes à Assérac
  • son petit fils Joseph LESPINE (1746-1802) est employé de la brigade ambulante, puis préposé des douanes à Assérac puis Guérande
  • son arrière-petit-fils Jean Marie de LEPINE (1786-1838) est lieutenant des douanes à Mesquer

En attendant que je me cultive un peu plus sur les receveurs des fermes et autres (nominations, tâches, etc) à la bibliothèque universitaire ou ailleurs, une page internet intéressante, plus orienté sur les gabellous, mais ça tombe bien, j'en ai en réserve !

Sources

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