Je ne m'attendais pas à tant de sel, euh de piquant, en remontant la branche paternelle...
Côté grand père, le douanier sinagot (j'ai appris un nouveau mot) du XIXe siècle s'est révélé être un fils de paludier de Séné... lui même issu des familles de paludiers de Batz venus mettre en "culture" des marais du golfe du Morbihan.
Côté grand mère, les Biguais, douaniers de père en fils, que l'on croyait bien bigoudens, se sont retrouvés affublés d'un article Le. Et manchots : des sauniers de Vains, dans la baie du Mont Saint Michel. Du sel mais point marais.
Pays de quart bouillon. Après les grandes marées, le sable est ratissé, entassé. "Sur des tables assez semblables aux tables de pressoir on plaçait le sable que l'on lavait à grande eau. Cette eau recueillie dans des tonneaux enlevait le sel. A l'aide de cuves et de chaudrons les hommes allaient sans relâche chercher le sable et puiser l'eau des fontaines. L'eau salée était versée dans les plombs où on la maintenait en ébullition. Des femmes, armées de grandes gaules touffues, remuaient sans cesse le liquide et enlevaient l'écume. Quand l'eau était évaporée, il ne restait plus dans les plombs qu'un beau sel d'une blancheur immaculée." Sous le contrôle des douaniers, le sel est conditionné en pains, puis transporté dans l'entrepôt d'Avranches. Un quart de la récolte seulement est versé dans les greniers du roi. En 1639, les sauniers se révoltent contre Richelieu qui veut abolir ce privilège et institué la gabelle générale. Mais je ne suis pas encore remontée jusqu'aux nu-pieds...
Comme ce que j'ai pu remarqué dans le milieu paludier de Batz, on peut identifier à Vains des patronymes récurrents chez les sauniers. Le Biguais, Barenton, Allain, Le Marié, Bataille, Littré...
Peut être que le nom Littré vous rappelle quelque chose... Dictionnaire de la langue française (1863-1877). En version xml sur le net. Son auteur est Emile Maximilien Paul Littré (1801-1881), lointainement originaire de Vains. Pour une fois que je me trouve un presque qu'apparenté cousin célèbre, je vais en profiter. Presque parce que je n'ai pas réussi à faire la jonction et peut-être ne la ferai-je jamais : les limites temporelles des registres paroissiaux. Qu'à cela ne tienne. La branche Littré en question est orfèvre à Avranches à partir du XVIIe siècle.
Les miens sont restés sauniers et saunières au Bas Courtils et à Vains, avant de s'engager dans les douanes au tournant du XIXe siècle. Et d'émigrer lentement vers le Finistère.
Sources et liens
- Texte sur les sauniers de Vains et croquis de la baie : Léon Blouet, Les Littré. Famille de la baie du Mont Saint-Michel, Editions Notre Dame de Coutances, années 1960.
- J'en ai fait une copie pdf si certains sont intéressés par cet introuvable (merci Chapitre.com)
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