Il est apparu dès mes premiers pas sur la planète Généalogie, le trisaïeul, avec son prénom improbable, et quelques bribes d'une vie insolite et décousue.

 

[ Mon grand-père : ] « Mon grand-père [maternel] était chef linger sur les paquebots. C'était un rouge. Il a abandonné sa femme et ses filles. J'ai appris longtemps après par une connaissance qu'il était mort près Bordeaux, et qu'il avait un fils plus jeune que moi. »

Retrouver les grandes lignes de sa vie, naissance, mariage, décès, a été, mentions marginales aidant, relativement simple.

 

Port-Navalo - CC BY-NC-ND telomi, source : Flickr

 

Port-Navalo - CC BY-NC-ND telomi, source : Flickr

 

Onésime est né le 7 novembre 1880 à Port-Navalo, commune d'Arzon (Morbihan). Alliance étonnante d'un père issu d'une dynastie de marins et matelots morbihanais (de Riantec), et d'une mère descendant des notables d'Arzon (voire petite noblesse ?), les Lespine, d'un marchand auvergnat (Renaud) et de noblesse d'épée (les Gallery de La Rosaire). Ollicime Le Livec (1854-1915) le marin épouse Marie Josèphe Lépine (1859-1939), la fille d'un capitaine, le 5 novembre 1877... un peu pressés par les événements. Deux grandes soeurs précèdent Onésime – l'aînée meurt un mois avant sa naissance - et un petit frère, Emile (1882-1944), suit.

 

 

A l'automne 1900, il épouse à Lorient Léontine Robic, la fille du boulanger épileptique. Trois petites filles (pas de photo de Marcelle, la troisième fille) voient le jour à Lorient - dont mon arrière-grand-mère, Léontine.

 

Léontine Le Livec Thumbnail image Emma Le Livec
Léontine LE LIVEC Léontine ROBIC Emma LE LIVEC

Puis Onésime disparaît, laissant, à défaut d'une adresse, femme et enfants à Lorient. Oh il consentira bien au mariage de sa fille aînée en 1920 à Lorient. Par acte seulement. D'après elle, il aurait tenté de la dissuader de se marier à l'église en lui proposant une jolie somme d'argent. Peine perdue. Même les autorités militaires perdent sa trace à partir de 1925 ! Sa fille aînée, Léontine, pensait qu'il était parti en Amérique... Agent de la Compagnie Transatlantique, il y a forcément posé le pied, mais c'est bien en France qu'il a refait sa vie. Plusieurs fois...

Il s'est éteint à Arveyres, en banlieue de Bordeaux, à l'insu de tous... en 1969. Sans avoir jamais connu ses enfants adultes, ses petits-enfants adultes, ni même ses arrières-petits-enfants adultes.

Le milieu de marins étant ce qu'il est, mon grand-père avait réussi à retrouver sa trace du côté de... Bordeaux, où il aurait eu un fils. Ca collait avec son lieu de décès. Direction Bordeaux pour les recherches, avec comme indice le nom de sa deuxième femme, Renée Marie MICHEL, qui figure sur l'acte de décès (alors que le premier mariage n'est pas mentionné). Et c'est ainsi qu'apparu le petit Robert MICHEL, né le 15 avril 1931. A mon grand désespoir mort à 39 ans, célibataire. Certes il porte le nom de sa mère, mais Onésime n'a reconnu aucun de ses 4 enfants naturels « officiels ». Tout comme il n'a jamais divorcé : il a attendu d'être veuf de Léontine Robic, sa première femme, pour convoler en joyeuses noces avec Renée MICHEL (1941). Le plus comique dans cette histoire bordelaise, c'est que le couple et son enfant sont recensés comme suit dans le recensement de 1936 (rue des Lombards) – forcément, le patronyme breton retranscrit par un bordelais, ce n'est pas très fidèle... :

> Lelièvre (sic) Onésime, né en 1880 à Arzon, chef de famille, navigateur

> Michel Marie, née en 1889 à L'Hôme-Chamondot, épouse, sans profession

> Lelièvre Robert, né en 1931 à Bordeaux, fils.

Aucune photo. Pour le moment, il faut se contenter de sa fiche matricule : châtains aux yeux bleus, 1,61 m, visage ovale et menton rond.

Ca, c'est pour les sources « classiques » : naissance, mariage, décès, mémoire familiale. Ca aurait pu s'arrêter là... Mais non : je l'ai retrouvé au tribunal. Plusieurs fois. Et sur un paquebot transatlantique... en feu !

Prochain épisode : "Tout le monde n'a pas la chance d'avoir un aïeul communiste et truand".

To be continued...

Sources et liens

 

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