51 burande annette n 1853 paris courcellejpgPar quel bout entamer une série d'articles de blog – ou tentative de synthèse des informations enchevétrées et compilées sans fin – sur mes ancêtres des Halles de Paris ?

Peut-être en commençant par Pierre Courcelle, né en 1830, fort des halles centrales. Sa fiche Individu a été créée en octobre 2017 dans mon logiciel de généalogie, alors que je l'avais sous les yeux depuis un moment, sans y avoir vraiment prêté attention... Son nom figure sur l'une des pages de l'acte de naissance reconstitué d'Annette Burande (1853-1916), mon aïeule à la 6e génération. Mais quand on déniche, après une recherche souvent longue, un acte d'état civil parisien reconstitué, tout à la joie cette trouvaille,  s'intéresse-t-on réellement à tout ce qui est écrit...

Bref, d'après les métadonnées de mes fichiers numériques, j'ai officiellement mis 3 ans (officieusement, on est plus proche de 10 ans, car je les avais consulté sur microfilm aux Archives de Paris vers 2006, mais les métadonnées ont été en partie écrasées entre sauvegardes et ordinateur) à m'intéresser à la personne qui s'est juste chargée de reconstituer l'acte de naissance d'Annette, parti en fumée en mai 1871 avec des millions d'autres. Ce Pierre Courcelle qui me permet d'avoir de nouvelles pistes pour démêler cette pelote de laine compliquée des familles de travailleurs des halles, peu regardant sur le mariage, la légitimation des enfants et autres choses de la vie courante qui pourraient faciliter les lubies d'un descendant généalogiste.

Puis, j'ai daigné, un jour d'octobre 2017, lire entièrement l'acte reconstitué :

Le rétablissement de cet acte de naissance a été demandé par M. Courcelle, profession : fort à la halle, demeurant rue Pirouette 3, parenté : oncle de l'enfant. Paris, le 15 février 1873. Signature du déclarant : Courcelle.

Oncle ?!? Il y a erreur voyons. Annette n'a que deux soeurs ! Par ailleurs, la bigamie officielle n'est pas autorisée en France. En 1873, sa soeur Anne Burande (1846-1883), est mariée à Pierre Beuvelet ; quant à Jeannette la cadette (1856-1931), elle est célibataire, mais son acte de mariage 2 ans plus tard n'indique en rien qu'elle ait eu une précédente union.

De qui es-tu le mari, oncle Pierre Courcelle ?

De Catherine Tacite dixit l'état civil parisien. Le 8 novembre 1866, Pierre Auguste Courcelle, fort à la halle de Paris de 36 ans, domicilié 3 rue Pirouette, épouse en la mairie du 1er arrondissement Catherine Tacite, 34 ans, même maison, née à Issoire, veuve d'Etienne Mazeilié, fille de parents inconnus. Soit. Mais expliquer que Catherine Tacite soit la soeur ou la fille des nommés Burande, Malié ou Debraye, tous employés aux halles de Paris. Un seul lien : Issoire, Puy-de-Dôme. Les familles susnommées sont toutes auvergnates, bougnats montés à Paris dans les années 1840. Si les Burande sont originaires de Saint-Nectaire, le lieu d'Issoire ne m'est pas inconnu : Philibert Malié et Jeanne Debraye s'y sont mariés en 1820 et y ont eu au moins 3 enfants. Quant à Catherine Tacite, elle a été déposée le 27 février 1832 au tour de l'hospice d'Issoire, munie "d'un mouchoir fond jaune en indienne parsemé de fleurs blanches, une coiffe en indienne brune, deux chemises une en basin, l'autre en toile, deux drapeaux, deux bourasses d'étoffe grise et pour marque particulière un lien rouge attaché au bras droit". Elle paraissait avoir un jour.

Si je n'ai pas encore eu le plaisir d'aller farfouiller aux Archives départementales du Puy-de-Dôme, il est fort probable que Catherine ait été placée par l'Assistance publique dans la famille de Philibert Malié et Jeanne Debraye. Elle a l'âge de leur fille Marguerite Malié (1831-1863), première épouse de Pierre Beuvelet (oui, c'est dur à suivre, le gars épouse une femme puis la nièce de cette dernière !). Et lorsqu'ils montent à la capitale, les Malié embarquent toute la famille.

Ainsi, Catherine Tacite devient la tante d'Annette Burande, fille d'Anne Malié (1823-1899) et d'Antoine Burande (1820-1860). Pierre Courcelle, époux Tacite, est bien le tonton d'Annette.

Pierre Courcelle est fort (et pas que physiquement, à transporter sur son dos toute la sainte journée ce qui se vend aux halles) : ce 15 février 1873, il fait la démarche pour demander la reconstitution de l'acte de naissance d'Annette, mais aussi de ses frère et soeur :

  • Etienne Simon Burande (1854-1919),
  • Jeannette Burande (1856-1931). Il sera d'ailleurs témoin à son mariage.

Notons que Pierre Courcelle n'a a priori pas demandé la reconstitution de son propre acte de naissance. Sans doute n'en a-t-il pas eu besoin... Pour les 3 jeunes adultes Burande, il va y avoir un besoin urgent de prouver leur identité : ils sont en âge de se marier.

Pierre Courcelle et Catherine Tacite élèvent au moins 4 enfants :

  • Victor Louis (1856), né Tacite (dix ans avant le mariage des parents). Il est reconnu "Courcelle" par les deux parents le 26 octobre 1881 (oui, à 25 ans), et pour cause : il va se marier ! Si cette reconnaissance tardive était liée à une volonté de transmettre le nom, c'est raté. Victor Louis Courcelle se marie, a un enfant, Eugène Courcelle, né le 4 janvier 1884... Les parents se séparent de corps à compter du 3 avril 1883. En octobre 1889 stipule, un jugement stipule qu'Eugène Courcelle étant né plus de 365 jours après la séparation de ses parents, le père est fondé à refuser le voir porter le nom de Courcelle...
  • Victor Julien (1864), né Tacite, toujours hors mariage, mais déclaré à la mairie par Pierre Courcelle (et Pierre Beuvelet, l'autre oncle). Je n'ai pas trouvé d'acte de reconnaissance (ni mariage), donc peut-être est-il décédé jeune...
  • Anaïs Augustine Courcelle (1866-1952), reconnue par le mariage de ses parents, qui aura, en 1881, alors qu'elle n'a que 15 ans, un enfant naturel (reconnu par elle en 1903 (quelques mois avant qu'il se marie, lui-aussi...)
  • quant à Catherine Tacite, née le 29 octobre 1857 (soit entre les deux garçons), elle ne sera pas reconnue par Pierre Courcelle. Néanmoins, son acte de naissance est reconstitué à sa demande le 19 décembre 1872 et il y est mentionné comme "beau-père". Peut-être en saurai-je un peu plus avec le dossier de client de l'étude notariale LVI conservé aux Archives nationales !

Pour être honnête, j'aurais bien aimé qu'un Pierre Courcelle demande la reconstitution de l'autre branche parisienne, celle qui coince, du côté des Monchaux et des Meneau (voir à ce sujet l'article : VDM généalogique - déjà 9 ans !).

courcelle signature

 

Sources et liens

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