Près de 650 kilomètres : c'est ce qui sépare Chimilin (Isère) d'Ernée (Mayenne), et le lieu de naissance et de décès de Jean Baptiste Mollard, dit Beaufort. Pourquoi donc le bonhomme a-t-il traversé la France ?
On trouve un début de réponse dans son acte de mariage :
Aujourd'huy premier brumaire l'an cinq de la république française [...] par devant moi Louis Faribault officier public et municipal de la commune du Mans sont comparu en la maison commune pour contracter mariage d'une part Jean Mollard chasseur [du 2e bataillon, comme précisé plus loin] des Ardennes stationé en cette commune section de l'égalité fils de deffunt François Mollard et d'Angélique Nemos demeurante commune de Chimilain département de l'Izère d'autre part Julienne Marie Gontier mineure demeurante section de l'égalité fille de Guillaume Gontier et de Marie Quantin demeurants commune d'Ernée département de la Mayenne
Et voilà, un militaire, volontaire (indiqué dans l'acte de naissance de son fils en 1798) dans les armées républicaines, arrivé de ses montagnes pour combattre les Vendéens. Parmi les témoins du mariage, d'autres soldats : Jean Pierre Faivre, volontaire du 2e bataillon de la Haute-Somme, 28 ans, Jean [Merignan], aussi volontaire, même bataillon, 22 ans et Léonard Kere, 21 ans.
Une fois démobilisé, Jean Mollard est brièvement garde-barrière à Ernée (Mayenne), avant de s'installer comme marchand-boucher dans ce gros bourg (plus de 4500 habitants) dont est originaire son épouse. Le couple a 10 ou 11 enfants entre 1798 et 1813/1814. Etant donné le rythme des naissances, il ne doit pas m'en manquer beaucoup, mais impossible de mettre la main sur l'acte de naissance d'Alexandre Molard (décédé en 1831, à 17 ans) ; par contre j'ai une Alexandrine née en 1813...
Jean Molard se fait appeler "Beaufort" ! d'ailleurs, les quelques fois où il signe (1799, 1801, 1806), d'une main mal assurée, c'est de ce nom.
Plusieurs enfants sont déclarés sous le nom Beaufort, ou Molard (Maulard) dit Beaufort. En 1882, son petit-fils signe encore Beaufort sur son acte de mariage. J'ai d'ailleurs commencé à creuser un peu la survivance de ce surnom (sans doute militaire, plus que lié au fromage !), et plus largement la descendance de ce soldat (avec un paquet d'enfants naturels pour deux de ses filles). Sans compter qu'il faudra bien faire des recherches poussées un jour sur le parcours de ce soldat, ainsi que pour deux de mes ancêtres...
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