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D'abord les émotions.

Fébrilité, quand j'ai trouvé son nom dans l'inventaire : Joseph Marie Julien GALLERY. Malgré la "banalité" des prénoms, il n'y a aucun doute à avoir, surtout quand son dossier figure dans la partie Département : Orne.

Excitation, quand j'ai eu le dossier entre les mains. Il était assez épais, et ce n'était pas juste à cause du papier chiffon. À vue d'oeil : une cinquantaine de pièces.

Impatience et gourmandise, en commençant à lire les documents en diagonale. Comme toujours dans un dossier d'archives, le début de l'histoire se trouve à la fin, du fait de l'empilement des pièces de procédure. "Oh, un certificat d'embarquement !", "waouw un certificat de garde nationale !"... mais les rapports qui récapitulent la situation sont en début de dossier. De quoi perdre ses moyens et ses velléités de traiter ça de manière rationnelle. Prendre le temps de lire ? Non. Oui. Il faut faire vite. Des photos au téléphone, rapidement. "Non, cest tout flou, ça sera inutilisable". Respirons. Prenons le temps de faire une numérisation correcte et haute définition. En lisant un peu quand même...

Frustration, quand en lisant au calme un rapport, un peu plus ard, j'ai découvert des informations qui, connues il y a 4 ans, auraient pu me permettre de faire de supers recherches à Rennes, où j'habitais, alors que je suis désormais à Paris.

Sourire, quand mentalement je repositionne le bonhomme dans mon arbre. C'est l'arrière-arrière-grand père d'Onésime (relire la saga Onésime).

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L'année écoulée n'a pas été prolixe en recherches généalogiques, et encore moins en recherches en service d'archives. Mais quand il y en a eu, quelle apothéose ! La fois précédente, c'était le dossier de surveillance d'Onésime Le Livec, fiché comme anarchiste. Et c'était déjà aux Archives nationales.

Présentons d'abord brièvement le bonhomme. Joseph Gallery. Jusqu'à présent, je n'avais sur lui que des informations somme toute classiques : dates, professions, enfants, etc. Je me doutais que je pouvais gratter un petit peu, notamment côté professionnel : syndic des gens de mer à Arzon au moins entre 1805 et 1824, il doit bien avoir un petit dossier de personnel ou figurer dans un matricule quelque part.

Joseph Marie Julien Gallery est né et baptisé le 4 février 1763 à Rennes, paroisse Saint Étienne. C'est l'avant-dernier né des 12 enfants de Robert Gallery de la Rosaire, qui a le titre d'écuyer, et de Julienne Bigot. Seuls 6 (maximum) des enfants atteindront l'âge adulte. La marraine de Joseph est sa soeur aînée, Jullienne (1747-1767) : pour la petite histoire, la petite fille a été légimitée par le mariage de ses parents... à l'âge de deux ans.

Pas grand chose ensuite jusqu'à son mariage à Sarzeau en 1805 avec Marie Allanio, fille naturelle et veuve d'un marin, René Bordener (celui-là même qui a eu la mauvaise idée de garder sur lui des pistolets après avoir été capturé par les Anglais ; voir l'article Expéditions d'Irlande, 1796 et 1798). Le couple vit à Port-Navalo, petit bourg-port qui surveille l'entrée du golfe du Morbihan. Ils ont 6 enfants (dont un mort-né). Retraité de la Marine, Joseph Gallery devient ensuite négociant en vins. Il meurt à Arzon le 3 décembre 1835, avec 73 ans, un an et 2 jours après sa femme.

Une vie brossée à traits grossiers, comme souvent en généalogie, avec juste la petite spécificité de sa particule, jamais vraiment utilisée, et vu l'époque, c'était plus prudent — ceci dit, son père déjà, branche archi-benjamine d'une famille de la petite noblesse normande, avait un peu dérogé.

Ça, c'était jusqu'à ce que je découvre un dossier de radiation de la liste des émigrés aux Archives nationales, et qu'un voile se lève sur la vie de Joseph entre 15 et 30 ans et la période révolutionnaire...

Suite au prochain épisode.

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