Au milieu du registre de correspondance du général républicain Jean Antoine Rossignol, un patronyme familié trouvé parmi des prisonniers blancs... Coincée entre Cholet et Saumur, Doué-la-Fontaine change de mains. Les troupes républicaines du général Leygonier occupent la place entre avril et mai 1793, puis les Vendéens reprennent la ville. Jusqu'au 5 août 1793 : les bleus reprennent la ville. 600 tués selon la correspondance du général Rossignol, et 50 hommes prisonniers, parmi lesquels un certain  François Guitere, de Miray.
 
 
Fatigués des bruits qui se répandaient que l'armée des brigands marchait sur Saumur, et instruits que depuis trois jours ils ravagaient les campagnes voisines, nous avons voulu par un coup d'éclat sortir de cette inquiétude propre à décourager et le soldat et l'habitant des campagnes. Nous sommes partis aujourd'hui 5 [août] à 3 heures du matin, au nombre de 3000 hommes, bien déterminés à attaquer l'ennemi qui depuis trois jours, occupait des postes à deux lieues et demie de Saumur. Santerre fut chargé de garder avec 8000 hommes les hauteurs de Bornan et d'éclairer le chemin de Montreuil [Bellay] et l'ancienne route de Doué. L'armée qui devait attaquer l'ennemi était composée de 2700 hommes d'infanterie et de 300 de cavalerie. Le général Salomon commandait la cavalerie et le général Roussin l'infanterie. [...]
A peine la cavalerie fut-elle répandue autour des murs de Doué que le feu des rebelles commença avec vigueur. Le général Roussin fit alors avancer à pas de charge mille hommes d'infanterie composant l'avant garde, et les dospersa lui-même  en tirailleurs à droite et à gauche pour soutenir les 35e et 36e divisions de gendarmerie qui donnèrent l'exemple du courage. Les 4e, 5e et 15e bataillons de la formation d'Orléans les suivirent et marchèrent avec eux sur tous les  points de la ville de Doué. En moins d'une heure, l'ennemi fut débusqué de tous les postes, Doué fut pris, et l'armée des brigands en déroute jusqu'à Concoursus ; officiers, soldats, tous ont donné avec la même ardeur.
La ville de Doué fut fouillée jusque dans les caves, malgré les coups de fusils lancés de toutes parts, et particulièrement du clocher. Plus de 600 rebelles ont été tués, 50 furent faits prisonniers parmi lesquels se trouvent des chefs et des prêtres. Nous avons perdu 6 hommes dont 3 du 8e régiment de hussards. Nous ne trouvâmes dans Doué que des femmes qui firent à nos troupes l'accueil le plus hospitalier. Toutes les propriétés furent respectées, aucun désordre ne fut commis. Depuis 24 heures, le tocsin avait sonné dans les campagnes environnantes, et après avoir pris l'état nominatif de tous les citoyens qui venaient se réunir à nous, nous les avons invités à rentrer dans leurs foyers pour y achever leurs moissons, jusqu'au moment où par une mesure générale nous pourons employer plus utiliement leur ardeur pour la défense de la république.
SHD B 5/6-9. Lettre du général Rossignol au ministre de la Guerre Bouchotte, datée de Saumur le 5 août 1793

 

La liste des 50 prisonniers de Doué figure dans le registre de correspondance du général Rossignol numérisé et consultable sur le site des Archives départementales de la Vendée, (SHD B 5/107). Les lieux d'origine ont été vérifié autant que possible (dans un rayon d'une quarantaine de kilomètres autour d'Angers, aussi bien nord que sud Loire). Néanmoins certains lieux ont été impossible à localiser avec exactitude (ceux en italique).

 

 

1 Beaudecheu, 2 Jilotte, d'Angers, 3 Mathurin Plutot : tous trois pris les armes à la main par le citoyen Gougé, hussard du 9e régiment, 8e compagnie, lequel assailli par six brigands, en a tué 3, et fait prisonnier trois.
4 Antoine Royer : pris les armes à la main, avec un fusil, un sabre et une paire de pistolets, par le citoyen la Ruelle, lieutenant au régiment des hussards de Chambon, et amené par le citoyen Jean Duvivier hussard au même régiment, lequel Royer a déclaré hautement qu'il était parfaitement dans les sentiments des rebelles. Les citoyens Jérome Simoneau, Boulanger et Pierre Landy, tisserand, à Beaugé, ont attesté à l'état major connaître le dit Royer, pour un abbé.
5 Jean Armand, de La Flèche, 6 Julien Massé, de Bousillière : pris les armes à la main par les citoyens Bourgeois et Houssard, hussards du 9e régiment.
7 René Baumier, de Chanfreau [?] : garde chasse du Sieur de Chanseau (émigré)
8 Jean Lebron, 9 Jaques Pelletier, 10 Jaques Bidet, 11 Jean Ferroin : pris les armes à la main
12 René Abufour, de St Lambert [Saint-Lambert, mais lequel] : idem
13 Pierre Turpeau, de Chemillé : idem
14 Marin Aubry, de Marinier Predan [Martigné-Briand] : idem
15 François Dupuis, de Montrelet [Montrelais] : idem
16 Claude Claveret, de Marinier Predan [Martigné-Briand] : idem
17 Jean Goui Drui : idem
18 Jean Bourjot, de Brissac : idem
19 Jean Menuet, de Anseux : idem
20 Louis Soupiot, de Troumantier : idem
21 Louis Tripon, de Ligne : idem
22 André Marie, de St Erblon [Saint-Erblon] : perché sur un prunier, ayant les armes à la main
23 Jean Poursson, de Rochefort [Rochefort-sur-Loire] : les armes à la main
24 Pierre Pellé, de Chanzot [Chanzeau]: idem
25 Julien Rouillé, de Taronne (ou Laronne) : idem
26 Jean Passe, d'Angers : idem
27 Etienne Loyau, d'Angers : idem
28 Jean Marie Guillot, d'Edon : idem
29 Nicolas Vriau, des Ponts de Cé : idem
30 Pierre Cauconier, des Querets : idem
31 Pierre David, des Zalets : idem
32 Pierre Gauthier, de Gonnon [Gonnord] : idem
33 Jacques Chabain, de Chantessay  [Champtocé... voire Chantenay, Longué-Jumelles] : idem
34 Mathurin Guilloteau, de la Roustière (ou Ronstière): idem
35 François Guitere, de Miray [Miré] : idem
36 Louis Denis de la commune de Noirec : idem
37 René Pinau, commune d'Evré [L'Evre ?]: idem
38 Lepage, de Contigné : idem
39 Pierre David : idem
40 Deslandes, de Genusson [ou plutôt Les Landes-Genusson]: idem
41 Poirier de la paroisse de Noizon : idem
42 Noël Servel, d'Angers : idem
43 Mathurin Gallet, des Ponts de Cé : idem
44 Thomas Chédal : idem
45 de ville vêque [ou plutôt Villevêque] : idem
46 Jean Meunier, de Gonnore [Gonnord] : idem
47 René David, de Gonnore [Gonnord] : idem
48 François Morté, du Petit Mai [Petit-Mars ?] : pris les armes à la main
49 Pierre Corchet bucheron, de la commune de Pomeray [La Pommeraye] : soupçonné d'être capitaine des canoniers arrêtés sortant de l'armée des rebelles ayant une cocarde blanche avec un morcau de drap rouge en forme de signe
50 Jean Hurault, commune de Bullot : trouvé à Doué dans une cave avec des signes de rebellion

Les numéros ont été rajoutés pour faciliter les commentaires ; l'italique correspond aux lieux non identifiés et ceux déduits sont entre crochets. J'avoue être sceptique sur l'authenticité de sieur Deslandes, de Genusson [40], pour cause de trop grande proximité phonétique avec Les Landes-Génusson, paroisse puis commune vendéenne... Idem avec "de ville vêque" [45], aucun nom ni prénom, mais ce qui ressemble fortement à Villevêque, commune du Maine-et-Loire.

François Guiter, de Miré donc... Sans doute un cousin, comme son collègue Jean-René Guitter, dit Saint-Martin... mais à quel niveau ? J'ai dénombré trois François Guiter possiblement vivants en 1793 : un né en 1738 et deux en 1743 (3 septembre et 21 décembre). Pour cause de trou dans les collections entre 1721 et 1736, le cousinage avec les deux premiers reste à l'état de supputation pour les deux premiers... J'avoue une préférence pour le dernier (sans doute parce que c'est le seul raccroché aux branches), fils de Pierre Guitter et Denise Géhéré, arrière-petit-fils de René Guitter et Jeanne Hourdry (dont descend également Jean-René Guitter), décédé célibataire à Sablé-sur-Sarthe le 6 mars 1803, à l'âge de 59 ans...

Sources et liens

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