En pleine Révolution, à la fin du mois de décembre 1796, le général Hoche appareille de Brest à la tête d'une flotte de 45 navires et plus de 13 000 hommes. Direction l'Irlande, afin d'apporter son aide au chef des United Irish, Theobal Wolfe Tone, en guerre contre l'Angleterre. C'est un désastre maritime pour la flotte française, ravagée entre la tempête et la chasse des Anglais. En 1798, on remet ça, avec un peu plus de succès puisque les Français mettent au moins le pied sur le sol irlandais...  

Vue de la rade de Brest, prise au bas de la batterie du château, par Jean-François Hue

Si je connaissais vaguement l'épisode historique, pour avoir grandi à quelques encablures du menhir des Droits de l'Homme à Plozévet, c'est un évènement récurrent dans mes recherches généalogiques : Jacques Tudy LE CLEAC'H [sosa 336], disparaît sur le Hoche le 21 Vendémiaire an VII (2ème expédition d'Irlande) et René BORDENER, tué en nivôse an V (décembre 1796).

J'ai des soupçons pour deux autres marins : Nicolas GUYODO [sosa 298], marin de la République, disparu en l'an VII, mais introuvable dans les registres de Mesquer, et peut-être Jacques CLÉMENT [sosa 286], originaire de Riantec. [Edition 02/2012 : après d'autres recherches, il s'avère que Nicolas Guyodo est retrouvé mort à Redon en l'an VII - assassiné ? - et Jacques Clément est mort... au Cap, Afrique du Sud, de retour de l'expédition de Suffren aux Indes en 1782].

En attendant d'en savoir plus, voici l'acte de notoriété relatant les conditions de disparition de René BORDENER. Marié le 23 ventôse an V à Marie ALLANIOU [sosa 303], le marin embarque dix mois plus tard à Brest. Après six ans sans nouvelles, sa veuve se rend chez le notaire, accompagnée d'anciens compagnons de son mari.

Au nom de la république

Par devant nous notaire public à la résidence d’Ambon, département du Morbihan, dûment patenté, Guillaume Le Jallé et Vincent Foucault demeurant séparément au dit D’Ambon, nos deux témoins à ce acquis, soussignés.Est comparue Marie Josèphe ALLANIO demeurant en la ville et commune de Sarzeau, et de présent en notre étude laquelle nous a observé que depuis plus de six anx elle n’a reçu aucune nouvelle du citoyen Pierre René Belony BORDENAIRE son marie, qu’il y a très longtemps que les raports qui lui étaient parvenus, lui donnaient lieu de croire qu’il était péri en mer ; qu’ayant fait à cet égard de nouvelles perquisitions, elle avait su que les citoyens Guillaume Fardel actuellement capitaine de vaisseau marchand demeurant à Larmor, et Joseph Blondo aussi actuellement aubergiste à Percerf ?, tous les deux de la commune d’Ambon annonçaient la certitude de sa mort : en conséquence les dits citoyens Fardel et Blondo se sont présentés devant nous à sa requête, et nous ont déclaré qu’étant le premier pilote et le second volontaire à bord du corsaire Le Fabicer ( ?) sorti du port de Nantes, sur le quel était aussi en qualité de gabier le dit citoyen Bordenaire, ils furent pris par la frégate anglaise la Dorile sur les atterrages d’Irlande le onzième jours de traversé ; que trois jours après la prise le dit Bordenaire eut la calle des anglais capteurs pour avoir gardé sur lui deux pistolets, des suites de laquelle il est mort vers les cinq heures du matin il y a environ six ans sans pouvoir certifier néanmoins les dates ; que le lendemain les anglais mirent le corps dans la chaloupe, et le jetterent à l’eau près le port du Core en Irlande ; des quels faits il ont été les témoins oculaires ; en conséquence avons rapporté le présent acte de notoriété que nous avons octroyé à la dite dame Allanio, sur sa demande, pour servir et valoir ce que de raison.

Fait et passé après lecture à Ambon en l’étude et au rapport de Baumart notaire sous les seigns de la dite dame Allanio, du dit citoyen Fardel et du citoyen Guillaume Juhel, présent d’Ambon, à requête du dit citoyen Boudo, le quel a déclaré ne savoir signer de ce interpellé ; ceux de nos susdits témoins, et le note ce jour 10 frimaire an 11 de la république après midi. Une ligne quatre mots rayés nuls.  

Sources et liens

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