De la non différenciation de l'éducation des garçons et des filles... Ou comment au XIXème siècle les cultivateurs costarmoricains Jean Jacques LE FLEM et Marie Françoise LE COADOU pratiquaient l'indifférence entre garçons et filles en matière de prénom.
Est-il besoin de préciser qu'il convient de lire avec une bonne dose d'humour cette introduction provocatrice...
Il n'est pas rare de trouver des noms masculins comme deuxième prénom d'une fille, surtout quand il s'agit du saint local. Ainsi dans l'Artois, l'immense majorité de mes aïeux ch'tis, garçon et fille, sont affublés du prénom Joseph. Et d'ailleurs, phonétiquement, ce prénom est du genre asexué, tout comme Marie... Mais êtes-vous déjà tombé sur un garçon avec un prénom de fille ?
Étonnant non ? ... D'autant plus quand son frère puîné a lui aussi droit à un deuxième prénom féminin !
Marche arrière toute.
Un jour frisquet de février 1813, Jean Jacques LE FLEM, 19 ans, originaire de La Roche-Derrien, dit "je le veux" à Marie Françoise LE COADOU, 17 ans, native de Plougrescant. Histoire d'être à égalité (déjà...), le jeune couple s'installe juste entre les deux communes, à Plouguiel. Mis à part un trou de cinq ans entre le premier enfant, Jean (1813) et le second Joseph (1818), trou "inhabituel" jusqu'ici inexpliqué, j'ai réussi à les suivre assez facilement au gré des accouchements de Marie Françoise. Après la naissance d'Elizabeth (1822), la petite famille traverse le Jaudy et s'établit à Troquéry. Cinq petits LE FLEM y voient le jour : Marie Yvonne (1824), Yves Anne (1827), Guillaume Périne (1830), Louis Marie (1833) et Yves (1836) - d'où l'interrogation relative au "trou" de cinq ans entre les deux premiers... A priori aucun décès d'enfant en bas âge. En 1841, la famille LE FLEM refait ses bagages et s'installe à La Roche-Derrien où naît Charles en 1841.
Après l'épisode des Bonne Augustine républicaines de Givenchy-en-Gohelle, je me méfie des coutumes locales ! Mais j'ai beau cherché dans les actes des années 1827-1831 de Troquéry (années où il y a pas mal d'enfants mort-nés), je n'ai trouvé qu'un seul autre cas de masculin-féminin : Pierre Marie Margueritte TIGEON (1829).
De là à penser que j'ai trouvé trois enfants hermaphrodites...
Le fin mot de l'histoire ? Guillaume Perine LE FLEM a épousé Marie François POUHAËR ; veuf il se remarie en 1867 à Marie Josèphe LE BESCOND. Et a été papa au moins une fois.
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