Basile et Alexandre, les tontons russes
Les soeurs de la grand-mère Bourdic ont épousé deux Russes blancs.



Les soeurs de la grand-mère Bourdic ont épousé deux Russes blancs.
Hasard des archives, je suis tombée, au cours d'un travail de description sur les dossiers de brevetés de l'imprimerie et de la librairie, sur un nom très familier : Jeanne Geneviève Le Livec, épouse Michel, libraire à Brest. Les "Le Livec" étant, à ma connaissance, quasi tous cousins (d'Onésime) et originaires de Plouhinec (Morbihan), j'ai vite numérisé le dossier pour m'y plonger à mes heures perdues.
Bingo. Une petite recherche ascendante m'a permis de raccrocher rapidement le dame, native de Lorient en 1832, à mes ancêtres du même nom.
Nommer, les choses, les gens, les ressentis, est essentiel, voire vital. Mais prénommer quelqu'un, c'est énorme ! Marqueur générationnel, social, géographique… quelle pression quand on y pense, et quel pouvoir... Personnellement je suis ravie de mon prénom, rare, à la prononciation toujours problématique. Alors la barre est haute ! Bien sûr, il est toujours possible de changer de prénom, juste pour l'usage ou pour de bon, avec mentions marginales rectificatives sur tous les actes d'état civil et tout, ce ne sont pas tes grands-pères qui diront le contraire.
Le prénom. Parfois répété de génération en génération, les généalogistes en ont régulièrement des cheveux blancs. Prénom du père, pour l'aîné, souvent. Prénom du parrain. Prénom du saint local, souvent en dernier (des Joseph à n'en plus finir dans le Nord, et des Marie en veux tu, en voilà, dans l'ouest breton). Ou encore prénom de l'aîné décédé. Voire prénom sorti d'on ne sait où, comme pour Epaminondas !
Pour débloquer une branche parisienne au XIXème siècle, il faut espérer tomber sur un acte contenant un nom connu (ancêtres directs, collatéraux, autres proches...) dans les minutes dépouillées des notaires parisiens. Pour en savoir plus à ce sujet, je ne peux que recommander la lecture de l'article D’acte notarié en acte notarié, une généalogie parisienne du blog Chroniques d'antan. J'ai beau secouer la Salle des inventaires virtuelle dans tous les sens :
Direction alors les collatéraux, et là :
Enfin un couple qui me dit quelque chose ! Pierre Victor Beuvelet, né le 5 février 1829 à Paris, meurt le 3 septembre 1874 au 8 rue de la Lingerie (Paris 1er). Il est marchand de fruits aux halles, comme tous les collatéraux de la génération précédente et de la suivante. Les halles, il est tombé dedans quand il était petit, puisque son père et son frère sont forts aux halles. D'ailleurs, il a vu l'évolution des lieux, avec la construction des pavillons imaginés par Victor Baltard.
Pierre Beuvelet est doublement allié à ma branche auvergnato-parisienne :
En bref, Pierre Beuvelet épouse en secondes noces la nièce de son épouse décédée, qui a 17 ans de moins de lui. À son décès, Pierre Bevelet laisse 4 enfants mineurs : Achille (9 ans), Elisa (8 ans), Louis Victor (4 ans), Blanche (6 mois). Anne Burande lui survivra quelques années et mourra à l'âge de 38 ans. Pour l'instant je n'ai pas plus d'informations sur le devenir de la famille après le décès du père.
Son inventaire après décès est intéressant à plus d'un titre. Comme tout inventaire après décès, il a la magie de dépeindre telle une photographie l'intérieur et les biens d'un foyer. Les membres des familles Beuvelet, Burande, Malié, Debraye, travaillant tous aux halles, étaient assez proches. À défaut de trouver dans l'immédiat des actes notariés concernant mes propres ancêtres, celui d'un proche, exerçant le même métier et évoluant dans le même milieu, est une source plutôt fiable et riche pour approcher d'un peu plus près l'intérieur d'un foyer de petits marchands aux halles de Paris, leurs biens, l'aménagement de leur appartement (avec ses décorations !), leur équilibre financier (avec dettes, sous-location), etc. Sans compter que "madame veuve Beuvelet", comme elle est appelée à longueur d'inventaire, ou plutôt Anne Burande (comme elle signe), retournera, une fois veuve, habiter chez sa mère, au 3 rue Pirouette (rue disparue au nom charmant qui fera l'objet d'un prochain article), emportant sans doute quelques-uns des effets mentionnés dans l'acte notarié.
Deux rideaux de vitrage, deux rideaux de fenêtre, un miroir, deux plâtres, deux peintures à l’huile, une photographie, le tout prisé 7 francs
Fin de cette première saga autour du dossier de demande de radiation de la liste des émigrés de mon ancêtre Joseph Gallery, avec un focus sur les principales informations que j'y ai découvert.
Le bonhomme avait le cheveu et les sourcils châtains, la bouche de taille moyenne et le menton rond. Pour le reste, les deux documents descriptifs (un certificat de garde national du 31 juillet 1793 et un passeport du 18 janvier 1794) diffèrent un tout petit peu :
Et surtout, il est marqué de petite vérole !
Quant à la taille, il oscille entre 5 pieds 2 pouces (1.57 m) et 3 pouces (1.62 m).